Voyager permet de changer d’air, de découvrir d’autres cultures et de se ressourcer. Pourtant, chaque déplacement laisse une trace bien réelle sur le climat. Le secteur du tourisme représente environ 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et en France, son empreinte atteint près de 97 millions de tonnes de CO₂e par an, dont 69 % liés aux transports. Face à ces chiffres, réduire l’empreinte carbone de ses voyages devient un levier d’action majeur. La bonne nouvelle ? En ajustant quelques choix stratégiques – mode de transport, type d’hébergement, organisation du séjour, alimentation et activités – il est possible de voyager de manière plus sobre tout en gagnant souvent en confort, en temps de qualité et en sens.
Calculer et comprendre son empreinte carbone de voyage : méthodologies ADEME, GHG protocol et simulateurs en ligne
Avant de parler de voyage durable, un passage par la case « mesure » reste indispensable. Comprendre ce que représente concrètement l’empreinte carbone d’un déplacement aide à arbitrer entre un Paris–Bangkok en avion et un Lyon–Barcelone en TGV. Les méthodologies de référence comme ADEME ou le GHG Protocol structurent ce calcul en scopes (1, 2 et 3) et en postes d’émissions. De nombreux simulateurs s’en inspirent pour vous fournir une estimation fiable en quelques clics. L’idée n’est pas de devenir expert comptable du CO₂, mais de disposer d’ordres de grandeur solides pour vos décisions de mobilité.
Utiliser les calculateurs d’empreinte carbone (ADEME, MyClimate, atmosfair) pour estimer un trajet Paris–Bangkok ou Lyon–Barcelone
Pour estimer l’empreinte carbone d’un trajet, des calculateurs en ligne comme ceux de l’ADEME, MyClimate ou Atmosfair s’appuient sur des bases de données d’émission factors actualisées. Un aller-retour Paris–Bangkok en avion long-courrier, selon ces outils, dépasse facilement 3 tonnes de CO₂e par personne, soit plus que l’objectif annuel de 2 tonnes de CO₂e par personne visé en France à l’horizon 2050. À l’inverse, un Lyon–Barcelone en TGV émet quelques kilos de CO₂e seulement, même en comptant l’électricité et l’infrastructure ferroviaire. Utiliser ces simulateurs avant de réserver un billet offre une vision claire de l’impact de chaque scénario d’itinéraire international ou européen.
Différencier émissions directes, indirectes et scope 3 dans un itinéraire multimodal (train, avion, voiture)
Un trajet multimodal mélange souvent train, avion, voiture et éventuellement bus ou métro. Les méthodologies de type GHG Protocol distinguent les émissions directes (carburant brûlé dans un véhicule que vous conduisez), les émissions indirectes liées à l’énergie (par exemple, l’électricité du TGV) et le fameux scope 3, qui intègre la fabrication des véhicules, des infrastructures aéroportuaires ou ferroviaires et les services annexes. Pour un voyageur, la majorité de l’impact tient aux émissions directes du kérosène ou du carburant, mais ignorer le scope 3 sous-estime le poids global de la mobilité. Les calculateurs sérieux intègrent ces composantes pour donner une image plus complète de votre voyage bas carbone… ou non.
Comparer les facteurs d’émission par km : TGV INOUI vs avion court-courrier vs covoiturage blablacar
Comparer les facteurs d’émission par kilomètre aide à arbitrer entre plusieurs options. En moyenne, un TGV en France émet autour de 2 à 5 gCO₂e par passager.km, quand un avion court-courrier dépasse souvent 200 gCO₂e par passager.km, et un trajet en voiture thermique se situe autour de 150 à 200 gCO₂e selon l’occupation. En covoiturage type Blablacar, le bilan s’améliore fortement, car les émissions sont divisées par le nombre de passagers. Une analogie simple : imaginer une même « dose » de CO₂ partagée entre un wagon de TGV plein, un bus bien rempli et une voiture avec une seule personne au volant. Le rail l’emporte presque toujours, suivi du car longue distance, puis de la voiture partagée.
| Mode | Émissions moyennes (gCO₂e / passager.km) | Ordre de grandeur |
|---|---|---|
| TGV INOUI | ~5 | Très bas carbone |
| Bus / autocar | ~68 | Modéré |
| Covoiturage (voiture thermique 3 pers.) | ~70 | Variable selon remplissage |
| Avion court-courrier | 200–285 | Très émissif |
Ces chiffres varient selon les sources et les technologies, mais la hiérarchie reste la même : rail en tête, puis bus, et enfin aviation et voiture individuelle en fin de classement. Pour un voyageur qui souhaite réduire son empreinte carbone de voyage, basculer d’un avion court-courrier à un TGV INOUI sur un Paris–Marseille ou un Lyon–Barcelone change littéralement d’échelle d’émissions.
Intégrer hébergement, restauration et activités (ski aux 3 vallées, plongée à nice) dans le bilan carbone global
Le transport représente en moyenne 69 % de l’empreinte carbone des vacances, mais ignorer le reste fausse la photographie. L’hébergement pèse environ 13 % en France, avec des écarts de 1 à 5 entre camping sous tente et résidence secondaire peu occupée. Une journée de ski dans les 3 Vallées, avec remontées mécaniques, enneigement artificiel, navettes et restauration en altitude, génère une empreinte sans commune mesure avec une randonnée depuis un village accessible en train. De même, une plongée à Nice en club motorisé émet davantage qu’une séance de snorkeling depuis la plage. La cohérence d’un voyage durable repose sur l’ensemble du « package » : transport, logement, alimentation, loisirs et achats.
Optimiser le choix du mode de transport : train, avion, bus, voiture et micro-mobilités
Le choix du mode de transport reste le facteur le plus structurant pour un voyage bas carbone. Sur une même durée de congés, opter pour un TGV plutôt qu’un avion, un covoiturage plutôt qu’une voiture solo, ou un bus longue distance plutôt qu’un vol low cost transforme radicalement le bilan. Le débat ne se résume pas à « prendre l’avion ou non » mais à interroger l’arbitrage temps/distance : pour 4 heures de trajet acceptables, vaut-il mieux prendre un avion vers l’autre bout de l’Europe ou un train vers une région voisine ?
Privilégier le rail pour les trajets européens : TGV Paris–Marseille, thalys Paris–Bruxelles, eurostar Paris–Londres
Pour les trajets européens, le rail est la colonne vertébrale du tourisme durable. Un Paris–Marseille en TGV prend un peu plus de 3 heures et émet environ 5,8 kgCO₂e pour deux personnes sur un aller-retour, contre plus de 200 kgCO₂e en voiture et plus de 500 kgCO₂e en avion pour un court séjour. Thalys relie Paris à Bruxelles en 1h30, Eurostar fait Paris–Londres en environ 2h15. Dans un contexte où la France vise une réduction drastique des émissions de transport, ces lignes à grande vitesse offrent une alternative concrète aux vols intra-européens. En plus du bilan carbone, le train supprime le temps perdu aux contrôles, permet de travailler ou de se reposer, et arrive en centre-ville.
Réduire l’impact des vols moyen et long-courriers : vols directs, taux de remplissage et compagnie aérienne (air france, lufthansa)
Lorsque l’avion reste incontournable, par exemple pour rejoindre l’Asie ou l’Amérique, quelques leviers permettent de réduire l’empreinte carbone du voyage aérien. Un vol direct limite les phases de décollage et d’atterrissage, très consommatrices de carburant, et évite les détours inutiles. Privilégier des compagnies disposant de flottes plus récentes et moins gourmandes, comme Air France ou Lufthansa sur certaines lignes, peut réduire de 10 à 20 % les émissions par passager. La classe de voyage compte aussi : la classe affaires occupe plus d’espace par passager et augmente le bilan, alors que la classe économique reste plus sobre. Enfin, espacer les longs courriers, voyager moins souvent mais plus longtemps, constitue un levier majeur pour limiter l’impact global sur le climat.
Stratégies bas-carbone en voiture : éco-conduite, covoiturage, véhicules électriques (tesla model 3, renault zoé)
La voiture demeure le mode privilégié des Français pour les vacances et représente environ un tiers des émissions touristiques. Pour réduire cette empreinte, plusieurs stratégies se combinent. L’éco-conduite – vitesse modérée, anticipation, pneus bien gonflés – permet de réduire la consommation de 10 à 20 %. Le covoiturage, via des plateformes spécialisées, augmente le taux de remplissage, qui n’est que de 2,25 personnes en moyenne sur les longs trajets. Un trajet Paris–Annecy partagé entre 4 occupants divise presque par 2 l’empreinte par personne par rapport à une voiture à deux. Enfin, un véhicule électrique comme une Tesla Model 3 ou une Renault Zoé alimentée par un mix électrique bas carbone (comme en France) fait chuter les émissions par km, surtout si la recharge utilise des bornes vertes.
Intégrer bus longue distance et cars macron (FlixBus, BlaBlaCar bus) dans un itinéraire bas-carbone
Les bus longue distance, souvent appelés « cars Macron » en France, proposent une solution intéressante pour les budgets serrés souhaitant voyager bas carbone. Des opérateurs comme FlixBus ou BlaBlaCar Bus affichent des facteurs d’émission par passager.km proches de ceux du covoiturage bien rempli. Pour un Paris–Amsterdam ou un Lyon–Barcelone, le car peut être combiné au train pour construire un itinéraire multimodal à faible empreinte. Certes, le temps de trajet est plus long qu’en avion, mais l’économie financière et le bénéfice climatique sont considérables. Pour un voyageur qui dispose de quelques heures supplémentaires, substituer un vol moyen-courrier par un car de nuit transforme l’empreinte carbone de son séjour.
Dernier kilomètre décarboné : vélo en libre-service (vélib’, VélôToulouse) et trottinettes électriques partagées
Une grande partie des émissions quotidiennes sur place vient des petits trajets répétés en voiture ou en scooter thermique. Pour les réduire, les services de micro-mobilité en libre-service constituent des alliés précieux. À Paris, Vélib’ offre un maillage dense pour relier gares, hébergements, musées et parcs sans brûler une goutte de carburant. À Toulouse, VélôToulouse joue ce même rôle. Dans de nombreuses villes européennes, les trottinettes électriques partagées permettent de traverser le centre en quelques minutes, tout en restant bas carbone à condition d’être bien utilisées. Pour le dernier kilomètre entre la gare et le logement, ces solutions évitent de recourir systématiquement au taxi ou à la voiture de location, et renforcent la cohérence d’un itinéraire décarboné.
Planifier un itinéraire bas-carbone : éco-conception du séjour et optimisation logistique
Un voyage bas carbone ne se joue pas uniquement au moment de cliquer sur « réserver » pour un billet. La manière d’agencer les étapes, la durée sur place, le choix entre un city-trip multi-destinations et un séjour plus long dans une seule région changent profondément le bilan. L’analogie avec un panier de courses est parlante : un même budget carbone annuel se répartit différemment selon que vous le « dépensez » en quatre week-ends en avion ou en un grand voyage tous les trois ans.
Concevoir un slow travel itinérant (GR20 en corse, camino francés, vélodyssée) plutôt qu’un city-trip multi-destinations
Le slow travel consiste à réduire le nombre de déplacements motorisés pour privilégier le temps passé sur place et les modes actifs. Un itinéraire à pied sur le GR20 en Corse, un pèlerinage sur le Camino Francés en Espagne ou un voyage à vélo sur la Vélodyssée le long de l’Atlantique reposent sur un principe simple : un transport initial pour rejoindre le point de départ, puis une progression principalement à pied ou à vélo. Cette logique évite de multiplier les vols internes ou les sauts de puce en avion low cost entre grandes villes européennes. Le bénéfice climatique est majeur, mais l’expérience change aussi : immersion profonde, rythme apaisé, rencontres plus riches avec les habitants.
Choisir des destinations accessibles en train de nuit : intercités de nuit vers nice, briançon, cerbère, nightjet en europe
Les trains de nuit connaissent un regain d’intérêt depuis quelques années en Europe. En France, les Intercités de nuit relient Paris à Nice, Briançon, Cerbère ou encore Lourdes, avec des projets d’extension d’ici 2030. En Europe centrale, le réseau Nightjet permet de traverser l’Autriche, l’Allemagne ou l’Italie en dormant. Opter pour un train de nuit, c’est transformer un trajet en temps de repos et économiser une nuit d’hôtel, tout en réduisant massivement l’empreinte carbone par rapport à l’avion. Pour un voyageur qui souhaite rejoindre la Méditerranée, les Alpes ou la Catalogne, ces lignes offrent une alternative concrète et confortable, compatible avec des congés limités.
Centraliser les activités autour d’un hub local (annecy, biarritz, chamonix) pour limiter les déplacements motorisés quotidiens
Un autre levier d’éco-conception consiste à raisonner en « hub ». Plutôt que d’enchaîner plusieurs destinations éloignées, il est possible de choisir une ville ou un village bien desservi – Annecy, Biarritz, Chamonix, Bayonne – et d’y rayonner à vélo, à pied ou en transports locaux. Un séjour d’une semaine à Annecy permet de combiner baignade, randonnée, vélo, visite de villes voisines en train régional, sans multiplier les transferts lourds. À Biarritz ou Bayonne, surf, balades côtières et escapades en Espagne sont accessibles en train ou bus. Cette centralisation réduit le « mitage » des émissions lié aux allers-retours quotidiens en voiture sur des dizaines de kilomètres.
Utiliser des outils de planification multimodale bas-carbone : Rome2Rio, komoot, SNCF connect, rail planner interrail
Plusieurs outils numériques facilitent aujourd’hui la construction d’itinéraires bas carbone. Rome2Rio compare les options train, bus, voiture et avion entre deux points, avec des estimations de temps et de coûts. Komoot aide à tracer des parcours à vélo ou à pied, en optimisant le relief et le type de voies. SNCF Connect centralise la réservation des trains nationaux, régionaux et parfois de certains partenaires européens. L’application Rail Planner Interrail, de son côté, accompagne les détenteurs de pass Interrail à travers 33 pays européens. En combinant ces outils, vous pouvez visualiser rapidement les alternatives bas carbone disponibles, ajuster les horaires, anticiper les correspondances et sécuriser un itinéraire cohérent sans recourir systématiquement à l’avion.
Réduire l’empreinte carbone de l’hébergement : écolodges, labels et énergies renouvelables
L’hébergement représente environ 13 % de l’empreinte carbone du tourisme en France, mais son poids relatif augmente dès que le transport est déjà optimisé. Entre un camping minimaliste et un resort climatisé avec piscine chauffée, les ordres de grandeur n’ont rien à voir. Des labels et démarches environnementales se développent pour aider à repérer les hébergements responsables, mais aussi pour structurer la réduction des consommations d’énergie, d’eau et des déchets. Un voyageur qui souhaite aligner son couchage avec sa démarche de voyage durable dispose aujourd’hui de nombreux repères pour choisir.
Identifier les hébergements certifiés : clef verte, green globe, EU ecolabel, hôtels accor planet 21
Plusieurs certifications accompagnent la transition écologique du secteur hôtelier et para-hôtelier. Le label Clef Verte distingue des campings, hôtels, auberges et gîtes engagés sur l’énergie, l’eau, les déchets et les achats responsables. L’Écolabel européen (EU Ecolabel) repose sur un cahier des charges harmonisé à l’échelle de l’UE, incluant la performance énergétique des bâtiments et la gestion des produits chimiques. D’autres labels comme Green Globe ou les programmes internes de grands groupes, à l’image de la démarche Planet 21 du groupe Accor, visent des réductions d’émissions et une meilleure intégration dans les territoires. Chercher ces labels lors de la réservation constitue un filtre simple pour réduire l’empreinte carbone de son hébergement.
Analyser la performance énergétique d’un logement (DPE, isolation, chauffage) sur airbnb, booking et gîtes de france
Sur les plateformes de réservation type Airbnb, Booking ou Gîtes de France, la performance énergétique est rarement mise en avant, mais quelques indices permettent de se repérer. La présence d’un Diagnostic de performance énergétique (DPE) favorable, la mention d’une isolation récente, d’un chauffage basse consommation (pompe à chaleur, chaudière à condensation) ou d’un raccordement à un réseau de chaleur sont de bons signaux. À l’inverse, une grande maison peu isolée, chauffée au fioul, utilisée seulement quelques semaines par an, génère une empreinte par nuit nettement plus élevée. Interroger l’hôte sur la consommation énergétique, privilégier des logements plus compacts et mutualisés et éviter les résidences secondaires sous-occupées s’inscrivent dans une logique de sobriété.
Choisir des écolodges et hôtels à énergie renouvelable en france (chamonix, ardèche, bretagne) et en europe (costa rica verte, îles cyclades)
De nombreux écolodges et hôtels ont fait le choix d’énergies renouvelables pour couvrir une partie importante de leurs besoins. En France, des établissements en montagne autour de Chamonix ou dans les parcs naturels (Écrins, Vanoise, Cévennes) installent panneaux solaires thermiques pour l’eau chaude, photovoltaïques pour l’électricité, voire petites chaufferies bois. En Ardèche ou en Bretagne, certains gîtes et chambres d’hôtes fonctionnent presque en autonomie énergétique. À l’échelle internationale, des pays pionniers comme le Costa Rica, très avancé sur les renouvelables, ou certaines îles des Cyclades, font émerger une offre d’hôtellerie alimentée en énergie verte. Sélectionner ce type de structures réduit l’empreinte carbone liée au chauffage, à la climatisation et à l’électricité de votre séjour.
Limiter le housekeeping, le linge et la climatisation : gestion de l’eau chaude, ventilation naturelle, seuils de température
Une partie significative de l’impact d’un hôtel vient de l’usage, plus que du bâti. Le renouvellement quotidien des draps et serviettes, l’usage intensif de la climatisation et les douches très longues alourdissent fortement le bilan. Refuser le changement de linge quotidien, utiliser la climatisation avec parcimonie (par exemple, viser 26 °C plutôt que 21 °C), privilégier l’ouverture des fenêtres pour ventiler lorsque le climat le permet et couper le chauffage ou la clim en quittant la chambre sont des gestes simples, mais efficaces. En moyenne, ajuster quelques degrés sur le thermostat permet de réduire la consommation d’énergie de 5 à 10 %, ce qui se traduit immédiatement sur l’empreinte carbone de votre hébergement.
Favoriser camping éco-responsable et bivouac réglementé dans les parcs nationaux (écrins, vanoise, cévennes)
Le camping, lorsqu’il reste sobre en équipements, est l’un des modes d’hébergement les moins carbonés, avec environ 1,4 kgCO₂e par nuit, soit jusqu’à cinq fois moins que certaines résidences secondaires. Dans les parcs nationaux des Écrins, de la Vanoise ou des Cévennes, le bivouac réglementé offre une expérience immersive en pleine nature, à condition de respecter strictement les règles locales (horaires, distances aux refuges, interdiction du feu). Les campings éco-responsables, parfois labellisés, mettent en place tri des déchets, gestion raisonnée de l’eau et des sanitaires, énergies renouvelables et mobil-homes plus efficaces. Pour un voyageur adepte de randonnées ou de cyclotourisme, combiner camping et itinérance réduit fortement l’empreinte carbone globale des vacances.
Alimentation, activités et achats sur place : leviers concrets pour diminuer les émissions
Une fois sur place, l’alimentation, les loisirs et les achats pèsent moins que le transport, mais restent des leviers importants. Un repas très carné et importé, une sortie en jet-ski ou un tour en hélicoptère se ressentent immédiatement dans le bilan carbone. À l’inverse, un panier de marché local, une randonnée en montagne ou une sortie en kayak sans moteur laissent une empreinte bien plus légère. Ces choix de consommation façonnent aussi l’économie locale, en orientant la demande vers des activités plus ou moins compatibles avec un tourisme bas carbone.
Adopter une alimentation bas-carbone : circuits courts, AMAP touristiques, marchés locaux (nice, nantes, lyon)
L’alimentation représente un poste non négligeable de l’empreinte carbone individuelle, y compris en vacances. Un repas à base de bœuf peut dépasser 6 kgCO₂e, quand une option végétarienne descend autour de 0,5 kgCO₂e. En privilégiant les produits locaux, de saison et plus végétaux, vous réduisez à la fois les transports et l’impact agricole. À Nice, Nantes, Lyon ou dans n’importe quelle région touristique, les marchés locaux, les AMAP ouvertes aux visiteurs, les fermes en vente directe et les petits restaurants de quartier proposent souvent une offre courte et fraîche. Emporter une gourde, quelques contenants réutilisables et un sac en tissu limite également les emballages jetables et donc l’empreinte déchets de votre séjour.
Privilégier activités low-tech et peu carbonées : randonnée au Mont-Blanc, kayak en dordogne, surf à hossegor
Les activités « low-tech » – peu ou pas motorisées, avec peu d’infrastructures lourdes – sont au cœur du voyage durable. Une randonnée au Mont-Blanc, en utilisant remontées mécaniques avec parcimonie et en partant depuis une vallée accessible en train, génère très peu d’émissions supplémentaires. Un week-end kayak en Dordogne repose principalement sur l’effort physique et l’hébergement. Le surf à Hossegor ou sur la côte basque, associé à un accès en train et des déplacements locaux à vélo, reste également très sobre. Ces activités permettent de vivre des expériences intenses, parfois plus mémorables qu’une attraction motorisée, tout en préservant les ressources des territoires visités.
Éviter les activités hyper émettrices : hélicoptère à dubaï, jet-ski intensif, scooters thermiques dans les cyclades
À l’opposé, certaines activités cumulent émissions directes élevées, nuisances sonores et impacts sur les écosystèmes. Un survol en hélicoptère à Dubaï, des sessions de jet-ski intensif en Méditerranée ou l’usage massif de scooters thermiques dans les Cyclades contribuent lourdement aux émissions locales de CO₂ et à la pollution atmosphérique. Elles participent également au surtourisme et à la dégradation du cadre de vie des habitants. Se poser la question suivante peut aider : « Cette activité serait-elle encore acceptable si tout le monde la pratiquait ici ? ». Dans une approche de voyage responsable, limiter ou éviter ces loisirs hyper émetteurs libère du budget pour des expériences plus sobres et souvent plus authentiques.
Réduire l’empreinte des souvenirs : artisanat local vs objets importés et duty-free aéroportuaire
Les souvenirs de voyage ont aussi un impact environnemental. Les objets standardisés vendus en duty-free d’aéroport ou dans les boutiques touristiques, souvent fabriqués à bas coût à l’autre bout du monde, cumulent transport, matières peu durables et faible utilité. À l’inverse, l’artisanat local – céramiques, textiles, épicerie fine, œuvres d’art – soutient directement l’économie du territoire et comporte souvent une empreinte carbone plus faible, surtout si les matières premières sont locales. Une bonne pratique consiste à acheter moins, mais mieux : quelques pièces choisies, utiles, réparables, plutôt qu’une accumulation de goodies qui finiront au fond d’un tiroir. Les meilleurs souvenirs restent souvent immatériels : photos, récits, rencontres.
Compensation carbone, labels et engagement avec le tourisme durable
La réduction de l’empreinte carbone du voyage repose d’abord sur l’évitement et la sobriété. La compensation carbone, les labels et chartes de tourisme durable viennent ensuite, en complément, pour structurer une démarche globale. Ils permettent de soutenir des projets utiles, d’encadrer les pratiques des professionnels du tourisme et de se fixer des repères personnels. À condition de rester lucide sur leurs limites, ces outils contribuent à aligner davantage le plaisir de voyager avec la protection du climat.
Évaluer la fiabilité des programmes de compensation (gold standard, verified carbon standard, GoodPlanet)
Les programmes de compensation carbone promettent de « neutraliser » une partie des émissions d’un vol ou d’un séjour en finançant des projets environnementaux. Leur crédibilité dépend fortement du standard utilisé. Gold Standard et Verified Carbon Standard (VCS) figurent parmi les référentiels les plus exigeants, avec des audits indépendants, un suivi dans le temps et des critères d’additionnalité. Certaines fondations environnementales, comme GoodPlanet, proposent également des projets de reforestation ou d’efficacité énergétique. Une règle d’or : privilégier les programmes transparents, qui documentent précisément les projets, les volumes de CO₂ évités ou séquestrés, et qui ne servent pas d’alibi à des comportements très émissifs.
La compensation carbone ne remplace jamais la réduction à la source, elle ne fait que compléter un effort déjà engagé.
Financer des projets locaux de reforestation et d’agroforesterie (madagascar, amazonie, massif central)
Financer des projets de reforestation ou d’agroforesterie peut constituer un prolongement cohérent d’un voyage responsable. À Madagascar, en Amazonie ou dans le Massif Central, des programmes visent à restaurer des écosystèmes dégradés, à protéger des bassins versants et à soutenir des pratiques agricoles plus résilientes. L’agroforesterie, qui combine arbres et cultures, permet par exemple de stocker du carbone dans les sols tout en diversifiant les revenus des agriculteurs. Pour un voyageur, allouer une enveloppe de quelques dizaines d’euros par an à ce type de projets ne compense pas tout, mais participe à une dynamique positive, à condition de s’appuyer sur des structures sérieuses et de long terme.
Utiliser des labels et chartes de tourisme durable : ATR (agir pour un tourisme responsable), travelife, GSTC
Du côté des professionnels, plusieurs labels encadrent les pratiques de tourisme durable. La charte ATR (Agir pour un Tourisme Responsable) s’adresse notamment aux voyagistes et agences, avec des critères sur le climat, la justice sociale, la gouvernance et la transparence. Travelife évalue les hôtels, agences et tours opérateurs sur leurs performances environnementales et sociales. Le Global Sustainable Tourism Council (GSTC) propose un cadre de référence international pour les certifications. Lorsque vous choisissez un circuit, un séjour organisé ou un hébergement, repérer ces labels permet d’orienter votre budget vers des acteurs déjà engagés dans la décarbonation et la préservation des territoires visités.
Choisir un professionnel labellisé revient à voter avec son portefeuille pour un modèle de tourisme plus durable et plus sobre en carbone.
Choisir des agences et tour-opérateurs engagés : terres d’aventure, double sens, evaneos responsables
Certaines agences et tour-opérateurs ont fait du voyage durable un élément central de leur modèle. Des acteurs spécialisés dans la randonnée et l’itinérance, comme Terres d’Aventure, structurent leurs offres autour du train, du bus, de l’hébergement simple et de l’implication des populations locales. D’autres, comme Double Sens, mettent l’accent sur l’échange, la co-construction de projets et la limitation du nombre de voyages lointains. Des plateformes comme Evaneos proposent des circuits élaborés avec des agences locales engagées, parfois labellisées. En tant que voyageur, interroger ces acteurs sur leurs politiques climat, leurs bilans d’émissions et leurs engagements à moyen terme aide à sélectionner des partenaires alignés avec vos objectifs de réduction.
Mettre en place un budget carbone annuel personnel pour ses voyages et arbitrer entre city-breaks et long-courriers
Pour passer d’intentions générales à des choix concrets, fixer un « budget carbone annuel » dédié aux voyages constitue un outil puissant. Il peut s’agir, par exemple, de se limiter à 1 tonne de CO₂e par an pour ses déplacements de loisirs. Ce cadre oblige à arbitrer entre plusieurs city-breaks en avion en Europe et un long séjour tous les deux ou trois ans, ou à privilégier massivement les destinations accessibles en train. En pratique, un Paris–New York aller-retour consomme déjà près de 1,8 tonne de CO₂e, soit tout le budget annuel de nombreux scénarios de neutralité carbone. Répartir différemment ses vacances, voyager plus près et plus longtemps, et exploiter pleinement les possibilités offertes par le train, le vélo, la randonnée et le tourisme domestique permet de profiter pleinement du voyage tout en respectant ce budget carbone personnel.